Biographie de
Patrice Dumont
Patrice Dumont naît à Léogane le 22 octobre 1958 de Lucie Beaubrun et Christian Dumont, tous deux instituteurs, et grandit au milieu de trois frères, Anthony, Carlos, Maxime et une sœur Sabine. Si l’influence des éducateurs se fera sentir tardivement chez le jeune Patrice, la passion du football de son père lui est transmise et le marque très tôt. Patrice est marié depuis 1984 avec Nancy René. Ils ont deux fils : Jétry et Irtan.
Football contre école
Cet instituteur emmène ses garçons aux matchs de football dès leurs 5 ans. Le jouet-roi de la maison est le fameux ballon en caoutchouc, couleur manba (beurre d’arachide) au coût de 2 gourdes 50. Lectures précoces des revues France Football, Miroir du Football et, plus tard, le Nouvelliste et le Nouveau-Monde, sont pour lui comme des ateliers d’écriture où interviennent Jacques Ferran et François Thébaud, la droite et la gauche du football des lectures nécessaires et le Nouvelliste et le Nouveau-Monde. Il comprend peu à peu que le foot est plus que de s’amuser durant les récréations sur les terrains gazonnés de l’école nationale Louis Borno des FIC ou dans les rues rocailleuses de Léogâne.
Au secondaire, saison scolaire 1970-1971, Patrice fréquente le Petit Séminaire Collège Saint-Martial où il découvre avec ravissement deux terrains de football qu’il foule deux fois par semaine. Il y rencontrera comme entraîneurs, les légendaires Roland Lacossade, Gérard Delpêche (ti Del) et Phénol Charles, ainsi que Théodore « Ti Théo » Jean-Baptiste. Il joue en première et deuxième année minimes (70-71 et 71-72), en cadets première année et surclassée en juniors pour un match (72-73). À l’issue de ses deux entraînements de la semaine, Patrice s’attarde régulièrement autour du terrain pour assister à l’entraînement du Violette. Il contemple ainsi de près les neuf internationaux de ce club dont les noms, et quelques fois les photos, garnissent les pages sport du Nouvelliste et du Nouveau-Monde. Bientôt, du Petit Séminaire de la rue Geffrard, il n’hésite pas à traverser le Bel-Air pour s’ébahir devant le Racing et l’Aigle-Noir s’entrainant au Parc Saint Louis à Delmas 2. Il s’addicte au stade Sylvio Cator où les matchs de la Coupe Pradel se jouent les mardis, vendredis et samedis et lieu d’entraînement de la Sélection Nationale. De 1970 à 1973, il échouera deux fois aux examens de fin d’année à l’école. Élève moyen, 66/100 au Certificat d’Études Primaires, sa fécondité en sport est proportionnelle à son infertilité académique. Il poursuivra ses études secondaires à l’Institution Secondaire Gérard Gourgue et au Lycée Toussaint Louverture.
Entre ses 14 et ses 16 ans et demi, il participe à la fondation de trois clubs de football à Léogâne, dont le Cavaly. Ce dernier, le 10 mai 1975, est l’œuvre de 17 amis, sur une idée de Mario Abellard, Lesly Dessources et Yves Rébecca, alors élèves au Canado-Haïtien. À 66 ans, encore dirigeant actif du Cavaly, Patrice en fut simultanément et successivement joueur, secrétaire général, puis entraîneur et président. Malgré les échecs scolaires et des professeurs résolument « intellectualistes »à l’image d’un Jean-Claude Exulien ou d’un Éric Joassaint, le virus du football ne le quitte pas. Suite logique, en février 1975, Patrice trouve normal de sécher ses cours d’après-midi pour se rendre à Léogâne subir les entraînements de Gérard « Zikiki » Cinéus, préparatifs au championnat interrégional, ouvert aux ligues communales, qui débutera le 9 mars 1975. Il gagne la complicité de son père qui le prévient cependant : « Tu prends de grands risques. Seulement, sache que tu n’as plus droit à l’échec scolaire et fais en sorte que ta mère ne soit jamais au courant de tes allers-retours P-au-P – Léogâne ». En championnat interrégionnal, il joue les éditions 1975, 1976, 1978 et 1979. Deux ans après, Adolphe Damour, Guimps Joseph, Ducarmel Coimin sont respectivement président, secrétaire général, trésorier de la Ligue de Léogâne. Patrice : délégué auprès de la FHF et encadreur technique de Jean-Marie Hipollite, et d’Alix Avin co-entraîneurs des Léogânais qui seront champions en septembre 1981, 1-0, œuvre de Richard Amilcar contre la légendaire formation de Saint-Marc.
Le football entravait ses activités académiques. Il le comprit, enfin, en 1976-1977, année de son Bac 1. D’octobre 1976 à juin 1977, pas de football. Une fois admis en Philo, section A, en 1978, il s’y remit en s’entraînant avec le Violette, en compagnie de son ami Géraldy Mathurin, sous la direction de Philippe Vorbe qui l’invite à prendre la licence du club doyen. Il déclinera poliment l’offre, expliquant à l’entraîneur qu’il est engagé avec son club, le Cavaly, et la Ligue de Léogâne. Appréciant sa loyauté et sa franchise, Vorbe lui permit de continuer les entraînements et l’aligne dans deux matches du Tournoi Olympique, contre le Bacardi de Cédric Cadet que le Violette gagne 3-1 et le Racing en finale, 0-2, dont une superbe frappe enroulée de Gérald Romulus.
En même temps, au Lycée Toussaint Louverture (1977-1978) où il rencontre Fritz Bissereth le Petit-Goâvien, l’arrière central Edens Baptiste de la Ligue de Jacmel et Hérold Vilsaint, milieu de terrain du Racing Club Haïtien, son année football s’amplifie. Finale junior scolaire 1978 perdue aux tirs au but. Patrice rate le sien sous les yeux de son père, venu de Léogâne tout seul assister au match de son fils.
Formation supérieure et engagement politique
Avec son voisin petit-goâvien Fritz Bissereth, il noue une longue amitié intellectuelle et politique avivée par l’influence de Leslie Manigat dont ils lisent et relisent La Révolution de 1843 : essai d’analyse historique d’une conjoncture de crise. Logiquement, après leur secondaire, ils s’inscrivent à l’Institut National d’Administration, de Gestion et des Hautes Études Internationales (1978-1982). Alors que Patrice est admis aussi à l’Ecole Normale Supérieure (1978-1981), en clandestinité, dès 1979, les deux amis gagnent les rangs du RDNP de Leslie Manigat qui les initie aux idées de la Démocratie Chrétienne et des “Impératifs de la conjoncture” enregistrés sur cassettes à bande magnétique et distribués en Haïti en sous-main. Devenu épistémophile, et ayant accompli son cycle d’études à l’ENS et à l’Inaghei, Patrice entreprend en 1982 des études de Droit qu’il abandonnera, cependant, pour se consacrer à ses métiers d’enseignant et d’entraineur de football. Néanmoins, il a eu le temps de jouer et gagner le championnat universitaire national de football avec la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’UEH contre l’ISTH Ruben Leconte, avec des coéquipiers remarquables tels trois amis léoganais, Arlet Éveillard, Varnel Durandisse et Nasser Kernizan. Néanmoins, Patrice se jette sur les programmes de formation de courte durée mais cumulative en entraînement et gestion sportive du CIO, de la FIFA, du Ministère de la Jeunesse et des Sports, des Fédérations de Football de Trinidad et d’Angleterre et de La Fédération Française de Football (Clairefontaine). En 2010, il fait une maîtrise en journalisme du Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes de Paris et de l’Université Quisqueya et un DALF (Diplôme Approfondi de Langue Française) à l’Institut Français d’Haïti.
Engagement social, culturel, professionnel et politique
La conscience sociale et politique du jeune Patrice a germé en 1973 et 1974 par l’œuvre de Père Jean Pierre-Louis, curé de la Paroisse Sainte Rose de Léogâne. Chorale et/ou football avec les jeunes, paroles et actions humanistes et socialement justes avec et pour tout le monde. Pas étonnant que 1976 à 1980, parallèlement au football, c’est la période faste de l’engagement culturel et social de Patrice à Léogâne. il co-fonde dans sa ville natale l’association culturelle l’Amicale qui présente des spectacles de variétés et des pièces de théâtre, entre autres, Barrières de Roger Dorsinville, Vous qui nous jugez de Robert Hossein, Le Cyclone de William Somerset Maugham, Caligula d’Albert Camus. Les têtes d’affiche de ces représentations sont Dominique Beaulière, Lionel Présumé, Ronald Éveillard et son frère Maxime Dumont qui deviendra comédien professionnel à Port-au-Prince et en Europe, surtout en France.
Sous le leadership de la mairie de la commune, Patrice participe au programme de boisement en acajou le long du tronçon Cassagne-Carrefour Dufort de la route Nationale numéro 2 (4 kilomètres) et aux travaux d’aménagement de la Place Anacaona.
Le 28 janvier 1986, à Léogâne, Patrice est à la tête d’un collectif de jeunes, organisateur de manifestations anti dictature et anti “esclavagistes”, qui bloque l’embauchage en masse de coupeurs de canne pour les bateyes dominicains qui s’apparentait à la traite négrière. L’État haïtien n’a plus tenté de reprendre ce programme honteux.
À Pâques 1986, Patrice joue un rôle crucial dans l’organisation, pour la première fois, du défilé des groupes de raras à Léogâne.
Au niveau professionnel, il enseigne aux collèges de Port-au-Prince, Fernand Prosper, Saint-Pierre, au Lycée du Cent-Cinquantenaire, aux Institutions secondaires Saint Louis de Gonzague et Gérard Gourgue, au Collège Surin Éveillard et, bénévolement, le samedi matin, au Lycée Anacaona. Plus tard, en 2003, à la demande de Mirlande Manigat et grâce à son encadrement méthodologique, ainsi que de son époux Leslie Manigat, Patrice crée le cours Le Sport dans les Relations Internationales à l’Académie Nationale Diplomatique et Consulaire. Il a aussi enseigné le Sport à la Faculté des Sciences de l’Éducation de l’Université Quisqueya.
Entraîneur de sport, spécialité football, il entraine non seulement son club, Cavaly, mais aussi le Club Sportif Saint Louis, l’Aigle Noir, des équipes de jeunes de quartier, des militaires, deux fois la Sélection Nationale Olympique (1990-1992 et 1999-2001). En 1994, il ouvre une école de football, EFPAD, qu’il ferme à cause de l’insécurité en 2004. Les fruits de cette longue expérience, Patrice les partage bénévolement sous forme de conférences, stages, séminaires à travers le pays, au bénéfice d’associations de jeunes et d’organisations de la société civile.
En 1983, l’Association Kole Zepòl (Askoze) est fondée a Léogâne par un collectif de professionnels, dont Patrice, qui projette de dynamiser la vie culturelle de Léogane (restauration et concerts).
En 1980, à 22 ans, Patrice est désigné par la Direction des Études de l’INAGHEI, parmi une quinzaine d’étudiants, pour postuler sur concours à une fonction au Ministère des Affaires Étrangères, sa première grande expérience professionnelle et de fonctionnaire. Pour convenances personnelles et incompatibilité idéologique, il démissionne après 11 mois et retrouvera en 1988 la fonction publique comme directeur des Sports du Ministère de l’Éducation Nationale, appelé par son ancien professeur à l’École Normale Supérieure.
Journalisme sportif et analyse politique
En 1986, après la chute de la dictature, Carlo Désinor, alors Directeur de la Télévision Nationale d’Haïti, lui propose de rejoindre son équipe de la salle des nouvelles. Patrice présente le Télé Sport, assiste Pierre-Paul Charles à la section des sports et fait sa grande sortie en tant que commentateur sportif, en narrant le 22 novembre 1986 le championnat du monde de boxe des Lourds Mike Tyson VS Trevor Berbick, que le petit taureau de New-York gagne spectaculairement par KO au 3e round. Il commentera les grands matchs du Championnat national de football, les éditions de Copa America 1987 et suivantes à la satisfaction générale, ainsi que la Coupe d’Europe des Nations 1988 des Pays-Bas de Van Basten, Gullit, Ryjkard, avant de subjuguer littéralement le public par son style de narration rythmé et cadencé en langue haïtienne, en direct des stades d’Italie de la Coupe du Monde 1990. Il renouvelle la performance en 1994 aux Etats-Unis et devient alors une figure nationale dans le domaine de la narration et des commentaires sportifs. Bientôt, il formera avec Kesner Pharel et Phillipe Vorbe un trio de présentateurs-commentateurs mythiques, au succès populaire jamais connu auparavant dans ce domaine. Parallèlement, en 1997, Patrice crée l’émission Sportissibo sur radio Ibo, véritables vêpres pontificales qu’animent sous sa direction, chaque jour, sauf le dimanche, Frantz Exil, Fred Bretous, Roro Pharel et Rudy Thomas Sanon que le public découvre et adopte. Deuxième audimat national après Ramase de Jean-Monard Métellus de Radio Caraïbes, Sportissibo réalise six éditions records: 30 avril-1e mai 2002, 18 heures ; 4-5 juin 2010, 24 heures et quatre autres de 12 heures. Patrice laisse Sportissibo peu de temps après avoir prêté serment comme sénateur en février 2017.
En 2005, sur une idée commune de Claude Moïse (Le Matin) et Léopold Berlanger (Vision 2000), Patrice (Le Matin) et Marie Lucie Bonhomme Aupont (Vision 2000) coaniment l’émission d’analyse politique Pi lwen-Pi fon le dimanche matin. Il mit fin à l’expérience en 2010 pour se joindre à l’équipe de campagne de Mirlande Manigat à l’occasion des présidentielles de 2010. Dans le même temps et pour la même cause, il sollicite et obtient une mise en disponibilité sans solde à la TNH. Mais il démissionnera suite à sa convocation par le Commissaire du Gouvernement Harrycidas Auguste, à l’instigation de Pradel Henriquez, à ce moment directeur du média d’État. L’accusation : le commentateur aurait participé à une réunion de planification à Delmas 22 en vue d’incendier la TNH, institution d’État où il avait construit sa plus longue carrière médiatique. Une dizaine d’avocats lui offre spontanément leurs services. Une foule d’amis et d’admirateurs se pressent au Parquet pour protester contre cette tentative de souillure. À la comparution, le Commissaire Auguste prit un aparté avec Patrice pour lui exprimer ses « regrets, à défaut d’excuses, de s’être laissé trompé par un homme qui veut se positionner favorablement aux yeux d’un candidat».
Le Sénateur
La campagne électorale de 2010 avait laissé de profondes blessures au RDNP. Patrice ne voulut pas en pâtir, d’autant plus que Leslie Manigat qui pouvait les cautériser fut longuement malade et mourut le 27 juin 2014. Patrice gagna donc les rangs du Rassemblement des Patriotes Haïtiens (RPH) et se présenta aux élections sénatoriales du département de l’Ouest de 2016 qu’il remporta et prêta serment le 14 février 2017 pour un mandat de six ans.
Nonobstant les circonstances particulières des 6-7 juillet 2018 à janvier 2023, Sur le plan législatif, Sénateur Dumont a travaillé sur tous les textes présentés au Sénat et a présenté, en langue haïtienne et en français, la proposition de Loi relative à l’Organisation, au Développement et à la Promotion des Activités Physiques et Sportives. A mené un combat inlassable contre la corruption. D’abord en combattant le budget 2017-18 sur les points suivants :
- Disproportion entre le montant 584 205 000 gourdes de contribution au budget des Entreprises autonomes de l’État, alors que le potentiel peut varier de 29 milliards à 40 milliards de revenus.
- Taux trop bas des Droits d’accises (12%sur les boissons alcoolisées, les spiritueux en général, les cigarettes et produits de luxe) Les différentes interventions du sénateur Dumont ont poussé les autorités budgétaires à une prévision de 3 584 205 000 gourdes de contribution de ces entreprises d’État
au budget 2018-2019. Soit une augmentation de 613 %. Question : À quoi ont servi ces 3 milliards de gourdes l’année précédente ? Réponse : À alimenter la corruption.
De même, le sénateur s’était attaqué à la grande corruption de location de voitures par et des agents de l’État, l’État dans son entièreté, y compris donc au Sénat même où le Bureau des Affaires Financières et Économiques de la DCPJ, en août 2019, avait accusé le questeur, son chef de cabinet, un comptable, de détournement de fonds, de blanchiment des avoirs, d’enrichissement illicite. L’enquête avait révélé que Révélations Auto Parts, censée logée à Saint Louis du Nord, réalisait en un an des transactions bancaires d’un montant de 29. 784. 750 gourdes. Or, en octobre 2020, Amis Rent a Car avait adressé une lettre de 37 891 000